C’est une décision à grande portée symbolique qu’a annoncée le gouvernement le 29 juin. La nouvelle Premier ministre Elisabeth Borne a annoncé la signature d’un décret (n° 2022-947), publié le lendemain, réglementant sévèrement l'utilisation de certaines dénominations employées pour désigner des denrées comportant des protéines végétales. A partir du 1er octobre 2022, les steaks, saucisses et autres boudins "végétaux" ne pourront plus être vendus en France sur les étals. Le décret, qui vient en partie appliquer la loi "Transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires", votée au printemps 2020, entrera en vigueur au 1er octobre 2022. Concrètement il interdit notamment "d'utiliser, pour désigner un produit transformé contenant des protéines végétales : 1° Une dénomination légale pour laquelle aucun ajout de protéines végétales n'est prévu par les règles définissant la composition de la denrée alimentaire concernée ; 2° Une dénomination faisant référence aux noms des espèces et groupes d'espèces animales, à la morphologie ou à l'anatomie animale ; 3° Une dénomination utilisant la terminologie spécifique de la boucherie, de la charcuterie ou de la poissonnerie ; 4° Une dénomination d'une denrée alimentaire d'origine animale représentative des usages commerciaux". Un très grand nombre d’organisations agricoles se sont satisfaites de cette avancée pour lesquelles elles se sont fortement mobilisées. C’est le cas de la FNSEA, JA, CFA, FNO, FNEC, FNP, FNPL, qui saluent la décision dans un communiqué commun. Interbev se réjouit à l’idée qu’il "ne sera plus possible d’utiliser la terminologie propre aux secteurs traditionnellement associés à la viande et à son champ lexical, pour désigner des produits n’étant pas d’origine animale". Inaporc, elle y voit "une avancée majeure". Quant à l’Académie de la viande, elle se félicite "de cette avancée majeure pour la transparence de l’information du consommateur". Organisations agricoles et interprofessions sont également unanimes pour demander que le périmètre de cette mesure soit élargi au sein de l’Union européenne, "à tous les produits, quelle que soit leur origine". En effet, "si le décret s’applique aux produits fabriqués et commercialisés sur le territoire français, ce n’est pas le cas pour ceux importés depuis l’UE (hors produits laitiers)", note le communiqué commun des organisations agricoles. Il sera intéressant de suivre dans les mois qui viennent comment les acteurs des substituts végétaux à la viande s’adapteront à l’interdiction d’un univers sémantique auxquels la plupart faisaient explicitement référence. Les technologues de la "novel food" vont semble-t-il devoir laisser provisoirement la place aux linguistes, sémiologues, publicitaires et autres juristes. Cette question se pose également pour ce qui est appelée à tort la "viande" cultivée comme cela a été mentionné récemment dans la presse (cliquez ici) .
En attendant le résultat de leurs réflexions, nous vous proposons en ce début d’été un numéro spécial entièrement consacré à la thématique de l’élevage, de la viande et de l’environnement. Ces sept articles balaient l’ensemble des thématiques de fond du secteur : affichage environnemental, agroécologie, allocation des impacts, analyse du cycle de vie, évaluation environnementale des régimes alimentaires, évaluation de l’empreinte sol, réchauffement climatique, etc.
Bonne lecture et bon été,
Jean-François HOCQUETTE et Bruno CARLHIAN