Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Résumés - Nutrition

Les résultats d'études d'observation suggèrent des associations entre la consommation de viande rouge et un risque accru de maladie cardiovasculaire (MCV). Cependant, les essais contrôlés randomisés (ECR) n'ont pas clairement démontré un lien entre la consommation de viande rouge et les facteurs de risque de MCV. En outre, les effets spécifiques avec de la viande bovine (la viande rouge la plus consommée aux États-Unis), n'ont pas fait l'objet d'études approfondies. Ainsi, cette étude visait à réaliser une revue systématique et une méta-analyse des données d'essais contrôlés randomisés évaluant les effets de la consommation de viande bovine peu ou pas transformée sur les facteurs de risque de MCV chez les adultes. Une recherche documentaire a été effectuée dans les bases de données PubMed et CENTRAL. Les essais contrôlés randomisés menés auprès d'adultes dont l'alimentation comportait de la viande bovine fraîche ou peu transformée ont été inclus. Les données ont été extraites et les estimations regroupées à partir de modèles à effets aléatoires ont été exprimées sous forme de différences moyennes standardisées (SMD) entre une intervention avec de la viande bovine et une intervention de comparaison avec moins ou pas de viande bovine. Des analyses de sensibilité et de sous-groupes ont également été réalisées. Vingt essais contrôlés randomisés pertinents répondant aux critères ont été inclus. La consommation de viande bovine n'a pas eu d'impact sur la pression artérielle ni sur la plupart des variables liées aux lipoprotéines, notamment le cholestérol total, le cholestérol HDL, les triglycérides, le cholestérol non-HDL, l'apolipoprotéine A ou B et le cholestérol VLDL. La consommation de viande bovine a eu un effet faible mais significatif sur le cholestérol LDL, ce qui correspond à une augmentation du cholestérol LDL d'environ 2,7 mg/dL dans les régimes contenant plus de viande bovine que dans les régimes de comparaison pauvres en viande bovine ou sans viande bovine. Les analyses de sensibilité montrent que cet effet a disparu lorsque l'on a supprimé une étude ayant une forte influence. En conclusion, la consommation quotidienne de viande bovine non transformée n'a pas d'effet significatif sur la plupart des lipides sanguins, des apolipoprotéines ou de la pression artérielle, à l'exception d'une légère augmentation du cholestérol LDL par rapport aux régimes contenant moins ou pas de viande bovine. Il se peut donc que d'autres facteurs expliquent l'association entre la viande rouge ou la viande bovine d’une part, et le risque de MCV d’autre part, et ces facteurs méritent d'être étudiés plus avant.

Face aux préoccupations sanitaires liées à la consommation de viande rouge, notamment à cause du fer héminique et des processus de lipoperoxydation des acides gras polyinsaturés impliqués dans le développement de certains cancers, cet article explore des stratégies d’amélioration de la qualité nutritionnelle de la viande bovine. L’élevage à l’herbe, par sa richesse en antioxydants naturels (vitamines E, bêta-carotènes, polyphénols), se révèle être une solution efficace pour enrichir la viande en acides gras polyinsaturés de type oméga-3, tout en en améliorant sa stabilité et sa conservation. Le rôle des antioxydants dans la préservation des lipides et protéines musculaires, ainsi que dans l’aspect visuel de la viande sont détaillés ici en s’appuyant aussi sur des connaissances vis-à-vis de leur rôle sur sa santé humaine. L’importance du bien-être animal dans la réduction du stress oxydatif est également abordée, de même que les autres leviers disponibles en élevage, notamment l’alimentation diversifiée, les compléments nutritionnels et les pratiques de pâturage raisonné. Ces approches convergent vers une production de viande plus saine, durable, et en phase avec les attentes sociétales.

Le taux de prévalence des maladies chroniques multiples chez les personnes âgées est relativement élevé, ce qui représente un risque pour leur santé et leur impose également une charge financière. Des habitudes alimentaires optimales ont des effets positifs sur les maladies chroniques multiples. Cette étude visait à identifier les habitudes alimentaires associées à plusieurs maladies chroniques chez les personnes âgées. L'apport alimentaire a été évalué au moyen de deux prises alimentaires non consécutives de 24 heures. La présence de maladies chroniques multiples a été évaluée sur la base de l'existence d'une dyslipidémie, d'une hypertension, d'une maladie rénale chronique, de troubles du sommeil, d'un diabète, de symptômes dépressifs modérés ou sévères et d'une déficience cognitive, deux ou plusieurs de ces conditions étant prises en compte. Trois modèles alimentaires et trois types de maladies chroniques multiples ont été identifiés. Les personnes suivant un régime riche en légumineuses, en viande, en légumes et en fruits (modèle alimentaire HLMVF pour « High in legumes, meat, vegetables and fruits ») étaient 59 % moins susceptibles de présenter la comorbidité des troubles cognitifs cardiométaboliques (CCC) que celles suivant un régime riche en lait et en œufs mais avec une faible consommation de céréales (HME-LG) et 66 % moins susceptibles de présenter la comorbidité des troubles du sommeil (ESC) que celles suivant un régime riche en céréales mais dépourvu de lait et d'œufs (HG-LME). Le régime alimentaire HLMVF peut servir de modèle alimentaire sain pour réduire l'incidence de plusieurs maladies chroniques et devrait être promu parmi la population adulte plus âgée.

Cet article constitue une synthèse de la session 3 de la conférence mondiale de la FAO sur la transformation durable de l’élevage qui s’est tenue en septembre 2023 à Rome. L’objectif était d'engager un dialogue sur les innovations et les voies permettant de produire efficacement des aliments d'origine animale plus nutritifs, sûrs et accessibles avec une empreinte environnementale réduite et de favoriser les systèmes d'élevage locaux dynamiques et diversifiés plus résistants aux chocs économiques et aux perturbations d’ordre climatique. Cet article constitue une traduction de la session de la conférence, particulièrement focalisée sur la viande et le thème "une meilleure nutrition". Les thèmes abordés sont les suivants : "aliments d'origine animale, alimentation et santé humaine" ; "les lignes directrices de l'OMS et la consommation d'aliments d'origine animale" ; "les moteurs de l'offre et de la demande d'aliments provenant d’animaux terrestres" ; "garantir la sécurité des aliments d'origine animale" et "aliments à base de cellules : promesses et réalité".

L'évolution vers une alimentation plus végétale, telle que préconisée dans les pays occidentaux, réduirait la contribution des protéines animales aux protéines totales. Une telle réduction pourrait compromettre l'adéquation nutritionnelle de l’alimentation, pas seulement pour les protéines, mais aussi pour les autres nutriments. Utilisant les données d'une enquête alimentaire transversale représentative de la population française, nous avons déterminé, pour 5 sous-populations adultes (i.e. : 1) femmes < 50 ans ; 2) femmes de 50 à 64 ans ; 3) femmes ≥ 65 ans ; 4) hommes < 65 ans ; 5) hommes ≥ 65 ans), le niveau minimal de protéines totales et la contribution minimale de protéines animales aux protéines totales compatibles avec le respect de toutes les recommandations d’apports en nutriments non protéiques. Pour chacune des 5 sous-populations, une optimisation (par programmation linéaire) de son régime moyen observé a été utilisée pour évaluer le niveau minimum de protéines (série de modèles # 1) et la contribution minimale des protéines animales aux protéines totales (série de modèles # 2) compatibles avec le respect de toutes les recommandations basées sur les nutriments (à l'exception des protéines, dont les niveaux ont été analysés a posteriori, en sortie des modèles. Les coûts totaux des régimes modélisés ne devaient pas augmenter par rapport aux régimes observés. Les habitudes alimentaires n'ont été prises en compte que dans l'ensemble de modèles # 2. La quantité minimale de protéines qui était théoriquement compatible avec le respect des recommandations nutritionnelles pour les autres nutriments (série de modèles #1) était inférieure à l'apport minimal recommandé en protéines pour toutes les sous-populations, à l'exception des femmes < 50 ans. Dans la série de modèles # 2, pour les femmes et les hommes de ≥ 65 ans, la diminution de la contribution des protéines animales aux protéines totales en dessous de 55% et 60%, respectivement, a conduit à des niveaux de protéines inférieurs aux niveaux recommandés. Pour les autres sous-populations (femmes < 50 ans, femmes de 50 à 64 ans et hommes < 65 ans), les contributions les plus faibles de protéines animales aux protéines totales compatibles avec une alimentation adéquate sur le plan nutritionnel (y compris l'adéquation protéique) étaient de 55%, 50% et 45%, respectivement.

La consommation de produits carnés diminue depuis quelques années chez les enfants et les adolescents, motivée par des arguments moraux et environnementaux. L’apport en fer correctement absorbable est le principal intérêt nutritionnel de la viande. Pour couvrir leurs besoins en fer, la Société Française de Pédiatrie recommande aux enfants et aux adolescents de consommer 2 produits carnés par jour. Les risques de carence martiale avec ses conséquences hématologiques, immunologiques et neuro-psychiques, sont augmentés chez ceux qui ne respectent pas cette recommandation. Il n’y a pas de risques objectivés en pédiatrie liés à la consommation de produits carnés à ces quantités recommandées. Il est urgent d’inverser la tendance qu’ont les jeunes à réduire leur consommation carnée.

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Edito

Le paradoxe de la filière bovine

Les signaux d’alerte se multiplient sur les conséquences à long terme du mouvement de décapitalisation bovine qui s’accélère depuis trois ans. Selon des projections réalisées par l’Institut de l’Élevage présentées lors des Matinales de la Recherche d’Interbev en mars dernier (nous y reviendrons dans un prochain numéro), la diminution du troupeau entrainerait une forte régression du nombre d’animaux finis destinés au marché français. Cette baisse est évaluée à environ -20% entre 2022 et 2030, soit 12 500 animaux de moins par semaine, avec la fermeture prévisible de nombreux outils et une baisse du besoin en emplois dans la filière.
Le paradoxe de la situation actuelle, c’est que les perspectives d’évolutions de la consommation ne justifient en rien une telle perspective. Certes, la consommation apparente de viande bovine en France a connu depuis dix ans une baisse lente, mais régulière, d’environ 1,1% par an selon Agreste, rappelle une étude menée par Valérie Diot (Ifip) sur "Les déterminants impactant les évolutions de la consommation des produits carnés en France". Mais son article, que nous publions dans ce numéro de VPC avec l’aimable autorisation du RMT Maele, montre également que les produits animaux "demeurent des produits piliers ancrés dans le quotidien des consommateurs avec des taux de pénétration élevés" et que la baisse de consommation des dernières années est en grande partie liée à des considérations économiques.
Par ailleurs, contrairement à une opinion trop communément répandue, les perspectives d’évolution de la consommation de viande bovine au niveau mondial à moyen terme sont bel et bien positives. C’est ce qui ressort du rapport Perspectives agricoles 2025-2034 OCDE-FAO dont nous vous proposons dans ce numéro une synthèse centrée sur les produits carnés. Selon les projections à moyen terme des deux organisations, la consommation mondiale de viande devrait progresser de 47,9 Mt au cours de la prochaine décennie soit une augmentation de 0,9 kg par habitant et par an en équivalent poids comestible au détail (epd). Si la consommation de volaille progresserait le plus rapidement (+21%), celle de viande bovine devrait tout de même croitre de +13% d’ici 2034 !
La filière viande bovine française n’a donc pas de raison de se résigner au déclin. Les deux événements professionnels du secteur entre lesquels intervient la publication de ce numéro de VPC démontrent d’ailleurs l’importance économique intacte de l’élevage bovin. En septembre, le Space de Rennes a dépassé tous les records d’affluence avec 102 000 visiteurs sur trois jours. Quant au Sommet de l’Elevage qui ouvre ses portes du 7 au 10 octobre à Clermont-Ferrand, il n’attend pas moins de 1750 exposants pour 120000 visiteurs ! Parmi ceux-ci, une délégation chinoise est attendue. Dans ce cadre, VPC publie le compte-rendu du Forum franco-chinois sur la production de viande bovine qui s’est tenu à Changchun en juillet dernier avec des experts français sur place.
A lire aussi dans ce numéro, une revue systématique et une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés sur "Consommation de viande bovine et facteurs de risque des maladies cardiovasculaires" ; et une étude en deux volets sur la compétitivité de cinq filières porcines européennes en 2022.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE