Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Aérocontamination des halls d’abattage de gros bovins en France

La contamination de l’air ambiant de 8 halls d’abattage à dominante gros bovins de cadence comprise entre 24 et 70 gros bovins/h, a été caractérisée en fonction des installations de traitement d’air en place. Sur la base des données acquises, des seuils de dénombrements en cohérence avec les données de la bibliographie, ont été proposés pour le contrôle de la flore totale aéroportée. Pour tous les halls d’abattage, les niveaux de contamination de l’air en flore totale et en entérobactéries décroissent depuis l’amenée jusqu’au ressuage. Les niveaux de contamination en « zone sale » (depuis l’amenée des animaux jusqu’à l’arrache cuir) sont peu différents entre halls d’abattage et excédent 3,2 log UFC/m3. Celle des « zones propres » (depuis l’émoussage jusqu’au ressuage) est en revanche beaucoup plus variable et illustre l’impact de la configuration des halls d’abattage. Ainsi, les centrales de traitement d’air (CTA) apportent une plus-value pour maîtriser les flux d’air des zones arrache-cuir, émoussage et pesée, par rapport aux extractions seules mais le recours à cet équipement n’est pas suffisant pour maitriser la contamination de l’air de ces zones. En effet, le cloisonnement des zones propres et sales, la position des bouches d’extraction en zone propre, prévues pour aspirer la vapeur des carcasses et des équipements (steam vacuum par exemple), sont est la maîtrise des fuites d’air depuis la triperie poil vers la zone propre sont également à prendre en compte. L’apport de filtres de type F9 dans les CTA pour traiter microbiologiquement l’air extérieur insufflé en zone propre limite la variabilité des niveaux de contamination en flore totale même si, l’aérocontamiantion des zones d’émoussage et de pesée reste, comme les autres configurations, supérieur à celui de l’air extérieur (2,4 log UFC/m3).

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Edito

Les leçons d’un salon

Le salon international de l’Agriculture qui s’est achevé le 3 mars dernier a révélé au public l’ampleur du malaise qui parcourt le monde agricole et singulièrement celui de l’élevage. Ce désarroi n’a guère surpris les observateurs du secteur, tant toutes les espèces produites en France semblent aujourd’hui sur le reculoir. En sept ans, les cheptels bovins laitier et allaitant ont perdu respectivement 409 000 et 564 000 vaches, soit près d’un million de têtes au total, selon le GEB. Depuis deux ans, les volumes de porcs abattus en France n’ont également cessé de s’effriter (-4,6% en têtes ces douze derniers mois selon FAM), suivant en cela le déclin du cheptel porcin français. Les effectifs d’agneaux abattus sont également en baisse depuis un an (-3% d’octobre 2022 à octobre 2023). Quant à la production de volaille, frappée par la grippe aviaire, elle peine à retrouver son niveau de 2021. Cette orientation générale n’est évidemment pas sans conséquences sur les abattoirs et les ateliers de transformation. Lors d’une conférence de presse organisée en amont du salon de l’Agriculture, les dirigeants de Culture Viande ont révélé qu’un abattoir fermait tous les mois depuis septembre 2023, ce chiffre étant monté à "deux par mois" depuis le début de l’année. Certaines entreprises ont bien du mal à faire face à la chute de l’offre dans leur zone, sans compter l’augmentation des charges de transport, d’électricité, d’emballage ou de mise aux normes.
Pour enrayer la décapitalisation en cours dans la plupart des productions, le ministère de l’Agriculture a dévoilé au SIA un "plan gouvernemental renforcé de reconquête de souveraineté sur l’élevage" (1). Celui-ci insiste notamment sur le nécessaire renouvellement des générations d’éleveurs et sur l’attractivité des métiers par l’amélioration du service de remplacement ou encore par la mise en place d’un nouvel instrument financier "pour soutenir les nouvelles installations en agriculture et les investissements porteurs de transitions". Le gouvernement promet "la simplification et l’accélération des procédures administratives" pour les bâtiments d’élevage "en ramenant à deux mois les délais de recours contre les projets agricoles", mais aussi en supprimant un niveau de juridiction et en fixant un délai maximal de jugement à dix mois pour les contentieux. En marge de ce plan, les pouvoirs publics ont également répondu à une revendication répétée des filières viandes françaises en publiant un nouveau décret "relatif à l'utilisation de certaines dénominations employées pour désigner des denrées comportant des protéines végétales". Celui-ci vise à interdire l’usage des termes "steak", "saucisse", "escalope", "paleron", etc. sur les aliments élaborés à base de végétaux.
Ces annonces seront-elles en mesure d’inverser les tendances de fond constatées en matière d’élevage et de consommation de viande ? En tous cas, les filières françaises ont pu constater, lors de cette 60e édition du salon, que le soutien des citoyens- français leur était plus que jamais acquis. En dépit d’une ouverture particulièrement agitée et des images de désordre, plus de 603 000 visiteurs sont venus plébisciter le modèle français et les produits qui en sont issus. Un soutien qui sera précieux aux éleveurs, abatteurs et bouchers français à l’avenir.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE

(1) https://agriculture.gouv.fr/lancement-du-plan-gouvernemental-renforce-de-reconquete-de-notre-souverainete-sur-lelevage