Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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L'avenir des produits animaux : davantage d'alternatives ou une meilleure gestion de la qualité ?

Le secteur de l'agriculture est confronté à de nombreux défis, notamment la croissance de la population et l'augmentation de la demande alimentaire qui en découle (environ 70 %), tandis que les ressources naturelles et les terres arables sont limitées. Dans ce contexte, l'élevage est soumis à diverses critiques, en particulier concernant le respect de l'environnement, de la vie et du bien-être des animaux, mais aussi concernant la concurrence entre l’alimentation animale et humaine, et les risques liés à la surconsommation des produits animaux, notamment viande rouge et charcuterie. Ces critiques atteignent un niveau sans précédent, d’où l’engouement pour des solutions alternatives telles que les protéines végétales, les insectes et les produits issus de la culture cellulaire. La première partie de la session a porté sur la viande cultivée (analyse bibliométrique des articles scientifiques et acceptation par les consommateurs). La deuxième partie a abordé les alternatives aux produits d'origine animale, notamment les protéines végétales, les produits de fermentation et les œufs et produits laitiers fabriqués. La dernière partie de la session a concerné la gestion de la qualité de la viande issue de l'élevage conventionnel en soulignant l'importance de la qualité de la viande pour satisfaire les attentes des consommateurs. Cette session a ainsi permis d’examiner conjointement l'évolution de la recherche sur les alternatives aux produits d'origine animale et la gestion de la qualité de la viande conventionnelle, tout en mettant en évidence les défis et opportunités associés à ces domaines.

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Edito

Les leçons d’un salon

Le salon international de l’Agriculture qui s’est achevé le 3 mars dernier a révélé au public l’ampleur du malaise qui parcourt le monde agricole et singulièrement celui de l’élevage. Ce désarroi n’a guère surpris les observateurs du secteur, tant toutes les espèces produites en France semblent aujourd’hui sur le reculoir. En sept ans, les cheptels bovins laitier et allaitant ont perdu respectivement 409 000 et 564 000 vaches, soit près d’un million de têtes au total, selon le GEB. Depuis deux ans, les volumes de porcs abattus en France n’ont également cessé de s’effriter (-4,6% en têtes ces douze derniers mois selon FAM), suivant en cela le déclin du cheptel porcin français. Les effectifs d’agneaux abattus sont également en baisse depuis un an (-3% d’octobre 2022 à octobre 2023). Quant à la production de volaille, frappée par la grippe aviaire, elle peine à retrouver son niveau de 2021. Cette orientation générale n’est évidemment pas sans conséquences sur les abattoirs et les ateliers de transformation. Lors d’une conférence de presse organisée en amont du salon de l’Agriculture, les dirigeants de Culture Viande ont révélé qu’un abattoir fermait tous les mois depuis septembre 2023, ce chiffre étant monté à "deux par mois" depuis le début de l’année. Certaines entreprises ont bien du mal à faire face à la chute de l’offre dans leur zone, sans compter l’augmentation des charges de transport, d’électricité, d’emballage ou de mise aux normes.
Pour enrayer la décapitalisation en cours dans la plupart des productions, le ministère de l’Agriculture a dévoilé au SIA un "plan gouvernemental renforcé de reconquête de souveraineté sur l’élevage" (1). Celui-ci insiste notamment sur le nécessaire renouvellement des générations d’éleveurs et sur l’attractivité des métiers par l’amélioration du service de remplacement ou encore par la mise en place d’un nouvel instrument financier "pour soutenir les nouvelles installations en agriculture et les investissements porteurs de transitions". Le gouvernement promet "la simplification et l’accélération des procédures administratives" pour les bâtiments d’élevage "en ramenant à deux mois les délais de recours contre les projets agricoles", mais aussi en supprimant un niveau de juridiction et en fixant un délai maximal de jugement à dix mois pour les contentieux. En marge de ce plan, les pouvoirs publics ont également répondu à une revendication répétée des filières viandes françaises en publiant un nouveau décret "relatif à l'utilisation de certaines dénominations employées pour désigner des denrées comportant des protéines végétales". Celui-ci vise à interdire l’usage des termes "steak", "saucisse", "escalope", "paleron", etc. sur les aliments élaborés à base de végétaux.
Ces annonces seront-elles en mesure d’inverser les tendances de fond constatées en matière d’élevage et de consommation de viande ? En tous cas, les filières françaises ont pu constater, lors de cette 60e édition du salon, que le soutien des citoyens- français leur était plus que jamais acquis. En dépit d’une ouverture particulièrement agitée et des images de désordre, plus de 603 000 visiteurs sont venus plébisciter le modèle français et les produits qui en sont issus. Un soutien qui sera précieux aux éleveurs, abatteurs et bouchers français à l’avenir.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE

(1) https://agriculture.gouv.fr/lancement-du-plan-gouvernemental-renforce-de-reconquete-de-notre-souverainete-sur-lelevage