Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Résumés - Nutrition

Le taux de prévalence des maladies chroniques multiples chez les personnes âgées est relativement élevé, ce qui représente un risque pour leur santé et leur impose également une charge financière. Des habitudes alimentaires optimales ont des effets positifs sur les maladies chroniques multiples. Cette étude visait à identifier les habitudes alimentaires associées à plusieurs maladies chroniques chez les personnes âgées. L'apport alimentaire a été évalué au moyen de deux prises alimentaires non consécutives de 24 heures. La présence de maladies chroniques multiples a été évaluée sur la base de l'existence d'une dyslipidémie, d'une hypertension, d'une maladie rénale chronique, de troubles du sommeil, d'un diabète, de symptômes dépressifs modérés ou sévères et d'une déficience cognitive, deux ou plusieurs de ces conditions étant prises en compte. Trois modèles alimentaires et trois types de maladies chroniques multiples ont été identifiés. Les personnes suivant un régime riche en légumineuses, en viande, en légumes et en fruits (modèle alimentaire HLMVF pour « High in legumes, meat, vegetables and fruits ») étaient 59 % moins susceptibles de présenter la comorbidité des troubles cognitifs cardiométaboliques (CCC) que celles suivant un régime riche en lait et en œufs mais avec une faible consommation de céréales (HME-LG) et 66 % moins susceptibles de présenter la comorbidité des troubles du sommeil (ESC) que celles suivant un régime riche en céréales mais dépourvu de lait et d'œufs (HG-LME). Le régime alimentaire HLMVF peut servir de modèle alimentaire sain pour réduire l'incidence de plusieurs maladies chroniques et devrait être promu parmi la population adulte plus âgée.

Cet article constitue une synthèse de la session 3 de la conférence mondiale de la FAO sur la transformation durable de l’élevage qui s’est tenue en septembre 2023 à Rome. L’objectif était d'engager un dialogue sur les innovations et les voies permettant de produire efficacement des aliments d'origine animale plus nutritifs, sûrs et accessibles avec une empreinte environnementale réduite et de favoriser les systèmes d'élevage locaux dynamiques et diversifiés plus résistants aux chocs économiques et aux perturbations d’ordre climatique. Cet article constitue une traduction de la session de la conférence, particulièrement focalisée sur la viande et le thème "une meilleure nutrition". Les thèmes abordés sont les suivants : "aliments d'origine animale, alimentation et santé humaine" ; "les lignes directrices de l'OMS et la consommation d'aliments d'origine animale" ; "les moteurs de l'offre et de la demande d'aliments provenant d’animaux terrestres" ; "garantir la sécurité des aliments d'origine animale" et "aliments à base de cellules : promesses et réalité".

L'évolution vers une alimentation plus végétale, telle que préconisée dans les pays occidentaux, réduirait la contribution des protéines animales aux protéines totales. Une telle réduction pourrait compromettre l'adéquation nutritionnelle de l’alimentation, pas seulement pour les protéines, mais aussi pour les autres nutriments. Utilisant les données d'une enquête alimentaire transversale représentative de la population française, nous avons déterminé, pour 5 sous-populations adultes (i.e. : 1) femmes < 50 ans ; 2) femmes de 50 à 64 ans ; 3) femmes ≥ 65 ans ; 4) hommes < 65 ans ; 5) hommes ≥ 65 ans), le niveau minimal de protéines totales et la contribution minimale de protéines animales aux protéines totales compatibles avec le respect de toutes les recommandations d’apports en nutriments non protéiques. Pour chacune des 5 sous-populations, une optimisation (par programmation linéaire) de son régime moyen observé a été utilisée pour évaluer le niveau minimum de protéines (série de modèles # 1) et la contribution minimale des protéines animales aux protéines totales (série de modèles # 2) compatibles avec le respect de toutes les recommandations basées sur les nutriments (à l'exception des protéines, dont les niveaux ont été analysés a posteriori, en sortie des modèles. Les coûts totaux des régimes modélisés ne devaient pas augmenter par rapport aux régimes observés. Les habitudes alimentaires n'ont été prises en compte que dans l'ensemble de modèles # 2. La quantité minimale de protéines qui était théoriquement compatible avec le respect des recommandations nutritionnelles pour les autres nutriments (série de modèles #1) était inférieure à l'apport minimal recommandé en protéines pour toutes les sous-populations, à l'exception des femmes < 50 ans. Dans la série de modèles # 2, pour les femmes et les hommes de ≥ 65 ans, la diminution de la contribution des protéines animales aux protéines totales en dessous de 55% et 60%, respectivement, a conduit à des niveaux de protéines inférieurs aux niveaux recommandés. Pour les autres sous-populations (femmes < 50 ans, femmes de 50 à 64 ans et hommes < 65 ans), les contributions les plus faibles de protéines animales aux protéines totales compatibles avec une alimentation adéquate sur le plan nutritionnel (y compris l'adéquation protéique) étaient de 55%, 50% et 45%, respectivement.

La consommation de produits carnés diminue depuis quelques années chez les enfants et les adolescents, motivée par des arguments moraux et environnementaux. L’apport en fer correctement absorbable est le principal intérêt nutritionnel de la viande. Pour couvrir leurs besoins en fer, la Société Française de Pédiatrie recommande aux enfants et aux adolescents de consommer 2 produits carnés par jour. Les risques de carence martiale avec ses conséquences hématologiques, immunologiques et neuro-psychiques, sont augmentés chez ceux qui ne respectent pas cette recommandation. Il n’y a pas de risques objectivés en pédiatrie liés à la consommation de produits carnés à ces quantités recommandées. Il est urgent d’inverser la tendance qu’ont les jeunes à réduire leur consommation carnée.

Dans le département de Korhogo en Côte d’Ivoire, l’élevage porcin a ceci de particulier qu’il n’est ni traditionnel, ni moderne ; il est semi-moderne. Dans ce système dit semi-moderne, on rencontre des fermes couvertes et d’autres semi-ouvertes. Les fermes couvertes protègent les animaux des rayons solaires qui favoriseraient la synthèse de vitamine D3. L’objectif général de ce travail était d’étudier la qualité nutritionnelle des porcs produits à Korhogo. L’activité de recherche a porté sur des prélèvements sanguins de porcs issus des deux types de fermes : couvertes et semi-ouvertes. Ces échantillons de sang ont été dosés pour leurs teneurs en vitamine D3, calcium, phosphore et magnésium. Les résultats montrent que la concentration de la vitamine D3 des porcs de fermes couvertes était faible (6,19 ng/mL) par rapport à celle des fermes semi-ouvertes (109,69 ng/mL). Les résultats de cette étude suggèrent que l’exposition au soleil favorisant la synthèse de la vitamine D3 chez les porcs, les fermes totalement couvertes ne sont pas recommandées. À défaut, une supplémentation systématique en vitamine D3 est nécessaire.

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Edito

Recréer de la valeur

Le salon international de l’Agriculture va à nouveau mettre en lumière, du 22 février au 2 mars prochain, la fine fleur des élevages français, sous les yeux de visiteurs souvent ébahis. Pourtant, un constat moins plaisant s’impose : l’excellence en matière de production de viande ne fait pas toujours recette. La situation économique des filières sous signes de qualité et d’origine et bio en témoigne. Fin janvier, l’association Limousin Promotion, qui détient huit cahiers des charges Label Rouge et trois cahiers des charges IGP en bœuf, veau, agneau et porc ne pouvait que constater une nouvelle baisse des volumes commercialisés en 2024, même si ceux-ci ont tendance à se stabiliser après une année 2023 particulièrement négative. Un passage à vide en grande partie lié au désengagement des distributeurs, qui se sont tournés, en raison de l’inflation, vers des catégories de produits économiquement plus recherchées par leurs clients, ont expliqué aux journalistes les dirigeants de Limousin Promotion.
Les difficultés traversées par le Label Rouge, singulièrement dans le secteur des viandes et des volailles où il est historiquement bien implanté, ont fini par faire réagir professionnels et politiques, les uns et les autres appelant l’Etat, propriétaire du logo, à défendre et promouvoir cette démarche d’identification auprès des consommateurs. Un appel à la mobilisation générale en faveur des filières Label Rouge a même été lancé en décembre dernier depuis l’Assemblée nationale, en présence des représentants du secteur et de députés de plusieurs groupes politiques. L’appel se base sur un « manifeste » présenté par la Fédération nationale du Label Rouge, que les particuliers sont invités à signer (1).
Si les filières de qualité, qu’elles soient Label Rouge, IGP, AOP ou bio comptent bien relever la tête dans les mois et les années qui viennent, les difficultés qu’elles traversent rendent plus que jamais actuels les réflexions et initiatives visant à améliorer la qualité perçue par les consommateurs de viande et à recréer de la valeur dans les filières animales face au risque de banalisation.
De nombreuses pistes allant dans ce sens ont été évoquées lors de la 70ème édition du Congrès International des Sciences et Technologie de la Viande (ICoMST) qui s’est déroulée à Foz do Iguaçu au Brésil l’été dernier. Placée sous le signe de « la production de viande responsable », les interventions, de haut niveau, ont balayé un grand nombre de sujets d’intérêt pour les professionnels français : production responsable, durabilité, bien-être animal, sécurité sanitaire, outils de mesure objectifs de la qualité, santé humaine et consommateurs. Nous vous en proposons une vision synthétique mais néanmoins très riche au travers de trois articles signés d’Isabelle Legrand (Idele), qui était présente sur place.
Également au sommaire de ce numéro, une présentation des différents chantiers engagés par la filière chasse et gibier pour valoriser l’offre de gibier sauvage français auprès des consommateurs ; une synthèse de la conférence mondiale de la FAO de septembre 2023 sur la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité, qui -loin des polémiques du rapport « Livestock's Long Shadow » de 2006-, a engagé un débat objectif et dépassionné autour de l’élevage et la viande ; et enfin une lecture d’actualité sur la perception des consommateurs pour les produits carnés en Algérie.
Bonne lecture !


Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE

(1) https://www.labelrouge.fr/about-1