Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Vers un affichage environnemental des produits animaux

L’Association Française de Zootechnie (AFZ) a organisé trois webinaires afin de faire l’état des lieux des connaissances relatives à l’évaluation environnementale des produits animaux, dans la perspective de la mise en place de l’affichage environnemental des produits alimentaires. Cet article résume les neuf interventions et les débats qui les ont suivis. Le premier webinaire a permis de positionner la problématique de l’évaluation environnementale des systèmes d’élevage et de leurs produits, dans le cadre plus large d’une alimentation durable, telle qu’elle est envisagée par la FAO, soulignant ainsi que, selon les pays, les solutions sont très diverses aussi bien en termes d’évolution des systèmes d’élevage que de niveau de production et de consommation. Le second webinaire était consacré à la présentation des méthodologies et des données disponibles pour l’évaluation environnementale des systèmes d’élevage et des produits animaux. Le troisième webinaire s’est intéressé à l’affichage environnemental des produits alimentaires avec une première intervention sur les avantages et limites des approches mises en œuvre pour identifier des choix alimentaires plus durables, suivie de trois présentations relatives à l’expérimentation d’affichage conduite par le Ministère de la Transition Écologique en partenariat avec des acteurs de terrain. Les différentes présentations soulignent l’importance des acquis méthodologiques et des données disponibles, même si des améliorations restent à apporter, en particulier pour mieux prendre en compte les spécificités des systèmes d’élevage herbagers et biologiques. Par ailleurs, les expérimentations d’affichage confirment l’intérêt des consommateurs pour une information explicite sur l’impact environnemental des produits alimentaires.

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Edito

A point nommé

La publication dans cette lettre d’information de "l’appel à action de Denver" et d’un article expliquant la genèse de cette mobilisation de chercheurs du monde entier (1) en faveur d’un débat public rationnel et étayé scientifiquement sur l’élevage et la viande tombe à point nommé. Une émission télévisée toute récente (2) illustre à quel point le traitement de ces questions semble vouloir régulièrement sortir de ce cadre pour y être porté sur un terrain émotionnel et moral, mais surtout idéologique. A son corps défendant, l’élevage et la viande se retrouvent ainsi attirés, comme dans un guet-apens, dans un affrontement fantasmé entre animal et végétal. L’essentiel du documentaire a ainsi été consacré à discréditer une partie des acteurs du débat, affublés des arrière-pensées les plus sombres. Au bout d’une heure trente, qu’est-ce que le téléspectateur aura retenu? Pratiquement rien, en dehors de ces supposés noirs desseins des filières, puisque l’émission réussit la performance de n’aborder aucun des sujets sur le fond. Le citoyen n’aura ainsi rien appris sur la consommation de viande en particulier de viande rouge (inférieure en moyenne en France aux recommandations nutritionnelles). Il ne saura rien des méthodes d’élevage en cours en France en comparaison de celles du reste du monde (il y aurait pourtant tant à dire). Il ne connaitra pas plus non plus les contributions et efforts du secteur élevage-viande en matière d’atténuation climatique. Alors oui, les signataires de l’appel de Denver ont raison de se mobiliser pour une politique guidée par le souci d'une alimentation équilibrée et de vouloir en finir "avec le discrédit généralisé de la viande, des produits laitiers et des œufs pour en revenir à des recommandations alimentaires pleinement fondées sur des preuves scientifiques, économiquement et culturellement appropriées". Ces chercheurs ont aussi raison d’attirer l’attention sur la prise en compte de la reconnaissance de la complexité des systèmes d'élevage et de l'écologie ou de rappeler que le rôle des scientifiques est de se confronter les uns aux autres "en appliquant des méthodes scientifiques rigoureuses, dans le respect mutuel et avec ouverture d’esprit". Non, la viande n’est ni de gauche ni de droite, ni masculine ni féminine, ni malfaisante ni miraculeuse. Elle participe à l’équilibre alimentaire de milliards d’hommes et mérite mieux que d’être ainsi l’otage de combats politiques complaisamment mis en scène.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE

(1) https://www.dublin-declaration.org/fr/
(2) https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/7205066-la-guerre-de-l-info-touche-pas-a-mon-steak.html