Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Résumés - Bien-Etre animal

Dans le cadre de l’abattage, l’étourdissement des bovins se fait à l’aide d’un pistolet à tige perforante. Dans une précédente étude, nous avons a simulé différentes trajectoires de tir, en utilisant des têtes de bovins de races allaitantes récupérées immédiatement après abattage. Il s’agissait de déterminer les repères externes sur la tête des bovins permettant d’identifier la position de tir qui maximise la probabilité de léser le Système Réticulé Activateur Ascendant (SRAA), et ainsi, la probabilité d’induire un état d’inconscience profond et irréversible. Dans ce même cadre, la présente étude a sélectionné dans un abattoir commercial, des têtes de bovins présentant, zéro, un ou plusieurs indicateurs de risque de conscience après l’étourdissement par tige perforante. L’analyse des têtes des bovins montre que la probabilité d’indicateurs de risque de conscience est plus élevée lorsque le SRAA est macroscopiquement intact. L’analyse montre également une association entre la présence de nystagmus et la respiration. Enfin, l’étude a permis d’identifier des pistes d’amélioration du positionnement et de l’orientation des tirs en abattoir.

Abattage avec et sans étourdissement : évaluation pratique de l’inconscience (partie 2).

Il est essentiel d’évaluer l’état d’inconscience des animaux pendant l’abattage. Ces évaluations ont lieu après l’application d’une technique d’étourdissement ou après l‘égorgement pour les abattages sans étourdissement, et ce jusqu’à la fin de l’égouttage. Les indicateurs utilisés sont essentiellement les mêmes pour les différentes méthodes. Cependant, ils ne doivent pas tous être contrôlés aux mêmes moments et leur interprétation n’est pas non plus identique pour l’ensemble des méthodes utilisées. Cette revue décrit les différents circuits cérébraux qui contrôlent les indicateurs de conscience et de l’inconscience, leur interprétation et la façon dont ils peuvent être utilisés pour les différentes méthodes d’abattage. Elle décrit également certaines réactions physiologiques ainsi que des points de vigilance spécifiques pour les différentes méthodes.
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Edito

Science, ingérences et persillé

Les débats sur l’avenir de l’élevage et la viande ont bien du mal aujourd’hui à se départir d’un faisceau d’apriori idéologiques, de visées politiques mais aussi d’arrière-pensées commerciales. Un rapport de l’Ecole de guerre économique présenté début décembre dans les salons du Sénat à l’initiative du sénateur du Morbihan Yves Bleunven a ainsi mis au jour les troublantes connections entre les associations animalistes et environnementalistes œuvrant en Europe, les associations « philanthropiques » américaines qui les subventionnent et les investisseurs de la « foodtech » d’Outre-Atlantique qui ont misé d’énormes sommes sur les profits éventuels à tirer des alternatives végétales et de la « viande » artificielle. Entre 2017 et 2022, l’une de ces associations -qui s’est fait connaitre par la diffusion de vidéos-chocs tournées dans des élevages et des abattoirs- a reçu pas moins de 6,1 millions de dollars, dont une part importante provenant de l'Open Philanthropy Project (OPP). En seulement six ans, écrivent les auteurs, les dons à cette association groupusculaire ont triplé, « atteignant plus de 3M$ en 2023 ». Depuis 2016, la fondation a alloué plus de 40 M€ à diverses organisations animalistes, principalement en Europe, « afin d’influencer les débats politiques et réglementaires (notamment lors des débats sur la bientraitance animale ou de la directive IED) », affirment les auteurs. Le rapport pointe également les liens flagrants entre organisations philanthropiques et investisseurs des alternatives à la viande. Les auteurs montrent notamment comment les fondateurs des associations Mercy for Animals et PETA ont fondé le Good food institute, chargé de soutenir la « foodtech ». Entre 2014 et 2023, ce fonds « a financé la recherche et le lobbying du secteur à hauteur de 21 millions de dollars ». Une ingérence aujourd’hui encore insuffisamment prise au sérieux par l’agriculture et l’agroalimentaire européens « pour lesquels il s’agit pourtant d’une question de souveraineté », estime le sénateur Yves Bleunven.
Contre toutes les simplifications, les raccourcis ou les parti-pris plus ou moins honnêtes ciblant l’élevage et la viande, plusieurs dizaines de chercheurs ont lancé un nouvel appel « de Denver » en faveur « d’une politique guidée par le souci d’une alimentation adaptée ». « Le discrédit généralisé de la viande, des produits laitiers et des œufs doit cesser afin que nous puissions revenir à des recommandations alimentaires pleinement fondées sur des preuves scientifiques, économiquement et culturellement appropriées, qui nourrissent et respectent à la fois les consommateurs et les producteurs de ces aliments, au lieu de les discréditer sans cesse », écrivent-ils, dans le prolongement de la déclaration de Dublin, prononcée en 2022 sur le rôle sociétal de l'élevage signée par plus de 1 200 scientifiques du monde entier.
https://www.dublin-declaration.org/fr/lappel-a-action-de-denver
Bien loin de ces débats idéologiques et surtout mercantiles, ce numéro de VPC s’attache à une caractéristique essentielle de la viande bovine dans le plaisir que sa consommation procure : le persillé. En six articles, nous espérons répondre à tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur ce sujet peut-être moins clivant que celui de la viande artificielle mais pas si anodin pour l’orientation de la filière bovine française. Ainsi, les chercheurs continuent de travailler sans relâche car il convient de ne pas détourner l’attention du grand public de l’essentiel, à savoir la nécessité de s’appuyer sur la science pour correctement évaluer et améliorer les systèmes d’élevage et la qualité de leurs produits dont celle de la viande.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE